Action 1 : Analyse rétrospective des défaillances du triptyque conception / démonstration / évaluation (Pilote : Olivier Chanton) 

L’action 1 propose un examen rétrospectif et « historique » de décisions passées ayant mené à des choix techniques ou à des options de dimensionnement qui se révèlent aujourd’hui et au regard de Fukushima non optimales, voire insatisfaisantes, du point de vue de la sûreté. Il convient dès lors de mieux comprendre les manières dont les acteurs chargés de la conception et de l’évaluation des technologies nucléaires définissent collectivement les risques et leur maitrise tout au long du triptyque conception/démonstration/évaluation. L’une des originalités de cette action réside dans le fait qu’elle considère que la démonstration de sûreté est un système complexe de production de connaissances sur les risques et leur maîtrise. Ce système, basé sur la notion de défense en profondeur intègre une dimension épistémique (portant sur la validité des connaissances produites et mises en discussion), une dimension sociale d’argumentation, de dialogue entre les différents acteurs institutionnels, et enfin une dimension politique, dans la mesure où le public est désormais implicitement présent dans l’appréciation de ce qui peut ou non être considéré comme « acceptable ». Cette démarche d’analyse permettra de réinterroger la performance, la légitimité et la lisibilité de la « démonstration de sûreté ». Ce travail s’appuiera sur une démarche socio-historique articulée autour de trois phases :

1) Identification d’un ensemble de cas de situations « non-optimales ».

2) Etude approfondie de trois cas de décisions par l’analyse documentaire (comptes rendus de réunions, documents techniques, courriers, ...) et par entretiens avec les différents acteurs (IRSN, ASN, exploitants) qui ont participé à ces décisions.

3) Analyse ethnographique de l’usage de deux types d’artefacts (par exemple : les modèles numériques, les scenarios d’accident, ...) lors des démonstrations (éventuellement dans des controverses) en menant des observations de réunions d’experts, et des entretiens avec les différents acteurs.

 

Bien que rétrospective, l’action 1 vise à élaborer des propositions d’amélioration des processus de décision concernant les activités nucléaires par :

 

- une compréhension fine du rôle joué par les différents artefacts conçus et mobilisés par les acteurs (modèles numériques, scénarios, Etudes probabilistes ...) et de leurs évolutions au cours du triptyque conception/démonstration/évaluation.

- une identification des modalités de gestion des incertitudes résiduelles par les acteurs.

- une identification des évolutions actuelles de certains processus d’élaboration des connaissances (tendance à la substitution de la modélisation à l’expérimentation).

- une analyse de l’influence des relations inter-organisationnelles sur les processus de prise de décision.

 

Ces quatre résultats permettront de mieux appréhender l’impact de Fukushima sur la gouvernance des risques nucléaires.