La catastrophe de Fukushima interroge en profondeur les principes sur lesquels la sûreté nucléaire s’est construite au Japon, mais aussi en France, tant du point de vue des pratique des acteurs concernés que des connaissances qu’ils mobilisent (expertise). Les Etude Complémentaires de Sûreté (ECS) ont souligné l’importance de construire des connaissance scientifiques solides sur le lien entre les relations inter-organisationnelles et la sûreté (IRSN, p. 75, 180, 186-188, 220, 225, 372). C’est précisément sur ce point, encore peu exploré que se concentre le projet AGORAS (Amélioration de la Gouvernance des Organisations et de Réseaux d’Acteurs de la Sûreté nucléaire). Il vise à comprendre comment se construisent e évoluent les équilibres institutionnels impliquant les exploitants, leurs sous-traitants et partenaire mais également les autorités de sûreté et les instituts publics d’expertise, dans un contexte post Fukushima où la société civile tend à jouer un rôle croissant. L’accent sera mis sur le dialogue qui s’instaure entre les parties prenantes et qui fonde en partie le niveau de sûreté de l’industrie nucléaire dans son ensemble.
Le projet AGORAS s’organise autour de deux volets complémentaires : (1) l’analyse et l’amélioration de l’intégration de la sûreté dans les processus inter-organisationnels de conception des réacteurs et des sites nucléaires ; (2) l’analyse et l’amélioration des relations inter-organisationnelles lors des situations de gestion de crises nucléaires. Travailler conjointement sur ces deux volets permet une prise en compte à la fois globale et approfondie de la gestion des risques nucléaires.
Les retombées attendues du projet se déclinent à la fois sur le plan scientifique (via l’acquisition de connaissances nouvelles et élaboration de modèles d’analyse socio- organisationnelle de la gouvernance de la sûreté nucléaire à l’échelle des relations inter- organisationnelles) et sur le plan des pratiques (aider les acteurs à développer des outils, des méthodes et des processus permettant d’améliorer les pratiques inter-organisationnelles de conception des technologies nucléaires et de gestion de crise).
La valorisation des résultats de la recherche passera par des publications dans les revues académiques à comité de lecture des différentes communautés scientifiques SHS impliquées dans ce projet (gestion, sociologie, sciences politiques, ergonomie...), dans l’organisation de colloques et l’édition d’ouvrages collectifs, mais aussi dans des collaborations avec les acteurs en charge de l’élaboration et de la diffusion des doctrines de sûreté.
Le projet AGORAS, coordonné par ARMINES – DSSG, centre de recherche commun à ARMINES et à l’Ecole IMT Atlantique, repose sur la collaboration étroite de plusieurs partenaires : ARMINES – DSSG et CGS (Centre de gestion scientifique), l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le Centre de sociologie des organisations (CSO), AREVA, le Centre de recherche en gestion (CRG) de l’X (sous-traitant). Chacun de ces partenaires scientifiques a développé depuis de nombreuses années une expertise dans les facteurs humains et organisationnels de la sûreté nucléaire. La collaboration originale entre le monde académique, l’IRSN et AREVA garantit l’accès aux terrains de recherche et assure la faisabilité du projet. Centré sur les impacts de Fukushima dans le contexte français, le programme de recherche détaillé dans l'onglet PROJET AGORAS, vise également à développer des synergies avec la chaire RESOH2 portée par l’Ecole IMT Atlantique qui rassemble AREVA, DCNS et l’IRSN autour d’actions de recherches permettant l’analyse des relations de sous-traitance et de co-traitance dans la construction, l’exploitation et le démantèlement des installations nucléaires de base. Le projet AGORAS s’inscrit donc dans une stratégie à long terme de développement d’un réseau de chercheurs en SHS, spécialisé dans les questions liées à la sûreté nucléaire.